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Passages 2005 - 9e édition
«Engagement, responsabilité, solidarité»
Cette édition de Passages se distingue par la jeunesse des créateurs présents. Leur majorité a moins de trente ans... S'agit-il d'une coïncidence ?
Charles Tordjman : Avec François Bon et Daewoo, comme avec Bernard Noël et Le retour de Sade, qui évoque l'arrivée d'un Sade dans un vingt et unième siècle aux valeurs inversées, j'ai souhaité travailler avec des auteurs et des projets engagés, en phase avec leur temps et leur société. Avec Nathalie Pousset, nous voulions savoir si les artistes de l'Est s'inscrivaient depuis la chute du mur dans une énergie politique particulière.
Cette année en effet, peut-être pour la première fois, nous avons renconté des créateurs
investis, qui interrogent leurs racines, leurs ancêtres, les temps passés et présents... Les hongrois, comme Arpad Schilling et son Krétakör questionnent directement l'Europe et l'état de toute une communauté qui entre dans l'Europe.
En Russie, les artistes du Teatr.doc tentent de trouver d'autres formes d'expression pour évoquer leur monde, et pour l'interroger. Ils sont auteurs, acteurs, metteurs en scène, vidéastes, musiciens, rappeurs... Ils évoquent notamment la prise d'otages de Beslan, en tentant de restituer le point de vue russe et le point de vue tchétchène... Le hasard veut qu'il s'agisse d'une génération de gens jeunes, qui s'intéresse directement à l'actualité, à; l'Histoire et aux travers de sa société. Le spectacle Slogans que je vais diriger met le feu à l'économie de marché, au communisme, à l'Union Soviétique... Au coeur du festival, c'est un hommage que nous rendons à tous les incendies que ces artistes veulent provoquer.
La tradition trouve également sa place à travers les contes pour enfants, les concerts, le spectacle de rue. Comment concilier tradition et engagement ?
Tous sont solidaires, responsables et engagés. Les spectacles festifs d'artistes de rue, les conteurs, les musiciens, les danseurs et interprètes d'origine ouïgour, klezmer, ouzbek ou kazakh s'inscrivent tous dans un art et une pratique séculaires d'artisans. Le retour à l'ancien, à la tradition, est pour eux comme une nouvelle revendication de beauté, après des années d'occidentalisation à outrance. La musique ouzbek notamment, écrasée longtemps par la musique soviétique, renaît aujourd'hui grâce à ces artistes. Chacun tente de retrouver ses racines pour recouvrer un équilibre entre tradition et modernité. Il n'y a là ni régression ni élan nationaliste. Ce festival marque le croisement des artisans de la tradition et des jeunes artistes à l'engagement virulent. Avec L'école des bouffons, nous pourrons voir par ailleurs les premiers artistes russes à proposer un théâtre visuel, les premiers à s'inscrire dans une recherche formelle et esthétique... Trois formes de recherches s'imposent à Passages : la recherche de nouvelles formes pour une dénonciation politique, la quête des racines et du passé, et la recherche esthétique...
En quoi cette nouvelle édition 2005 du festival Passages s'impose-t-elle ?
Les portes se sont ouvertes, les frontières sont abolies et les passages d'Est en Ouest se font avec moins de difficultés aujourd'hui. C'est un fait. Paradoxalement, Passages reste le seul espace qui concentre la création et les propositions des pays de l'Est en France. Avec un certain nombre d'artistes aujourd'hui connus et reconnus, on a le sentiment d'avoir résorbé les problèmes des conditions de travail et de la reconnaissance de ces artistes. Or, rien n'est résolu. Leurs situations restent extrêmement problématiques et préoccupantes. Le Festival Passages doit s'imposer comme un bastion de soutien, d'aide à ces jeunes créateurs qui ont un talent fou et le plus grand mal à se faire entendre.
Propos recueillis par Pierre Notte
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Le programme russe
coordination artistique Tania Moguilevskaia & Gilles Morel
12, 13 et 14 mai 2005
Coproduction : Centre dramatique Thionville Lorraine / festival Passages Nancy / Théâtre de la Cité Internationale Paris
L'Ecole des Bouffons du Collectif A.R.T.O.
mise en scène Nikolai Rostchine
6, 7, 8 et 13 mai 2005
Teatr.doc Moscou création à Nancy
Septembre.doc projet Mikhaïl Ougarov m.e.s. Mikhaïl Ougarov, Ruslan Malikov
7, 8, 9 et 10 mai 2005
Teatr.doc / festival Novaia drama Moscou
Une Tatiana bouleversée de Lacha Bougadzé mise en scène Mikhaïl Ougarov
11, 12, 14 et 15 mai 2005
Cie Fraction Bruxelles
Oxygène (Kislorod) de Ivan Viripaev mise en scène Galin Stoev
14 et 15 mai 2005
Teatr.doc / Centre de la dramaturgie et de la mise en scène - Moscou
Avec un fil rouge de Alexandre Geleztsov mise en scène Vladimir Pankov
15 mai 2005
Rencontre
Les nouvelles écritures russes animée par Tania Moguilevskaia & Gilles Morel en présence de Eléna Grémina, Mikhaïl Ougarov, Galin Stoev, Ivan Viripaev
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