SPECTACLE EN RUSSIE



magnitski

Le spectacle

« Le procès qui devait avoir lieu, qui n'a pas eu lieu, aura bien lieu »

Prison Matrosskaïa Tichina - Moscou - 16/11/2009 : Sergueï Magnitski, 37 ans, avocat du Fond d'Investissement britannique Hermitage Capital en détention préventive depuis un an, est terrassé, faute de soins, par une maladie rénale contractée en prison.


Extrait du programme

« Qui a tué Sergueï Magnitski et pourquoi est-il mort ? Sans être accusé, il a passé un an en détention où il a subi des tortures et humiliations jusqu’à ce que mort s’ensuive. Nous avons été bouleversés par cet assassinat d’un homme ordinaire, qui n’était ni un titan ni un héros.
Nous avons lu les carnets qu’il a rédigé en prison et les lettres envoyées à la maison. Nous avons entendu des témoins, et étudié le rapport de la commission publique d’observation des Droits de l’Homme dans les lieux de détention dirigée par Valérie Bortchev.
Des milliers de nos concitoyens, moins connus que Magnitski, sont humiliés, contaminés par la tuberculeuse et par l’hépatite, on les torture tout près de chez nous et personne ne semble s’en préoccuper. Cela se déroule précisément aujourd’hui, près de nous à Boutyrka, à Matrosskaia Tichina et dans tout le pays. Comment peut-on respecter la loi quand le tribunal est à ce point lié avec l’instruction, et l’instruction à la prison, et quand la détention provisoire est utilisée comme moyen de torture ? Pour un détenu, toute chose a son prix, du verre d’eau chaude pendant une séance au tribunal et jusqu’au classement sans suite de son affaire. La caste des médecins de prison, qui n’a que faire de son serment d'Hippocrate, mérite aussi d’être mis en discussion. Les souffrances et la mort ont transformé malgré lui Sergueï Magnitski en héros. Le système qui a tué Magnitski continue de tuer des gens, il est toujours aussi puissant. Mais nous pouvons au moins témoigner contre lui au théâtre. »

M.Ougarov : « Une heure et dix-huit minutes, c’est le temps qu’un homme a mis à mourir, allongé sur le sol pieds et poings liés. Un homme qui a été privé des soins médicaux de manière préméditée.
Et voilà que je pose cette question : l’homme qui enfile l’uniforme de procureur, la blouse de médecin ou la robe de juge, perd-il toute possibilité de rester un homme ? Peut-il conserver en lui une petite part d’humanité ? Dans ce cas précis, il est clair que ces gens ont quitté le camp de l’humanité. Sur le plateau viendront ceux qui sont coupables de la mort du héros : les juges d’instruction, les juges du tribunal, les médecins. Nous citerons leurs vrais noms et prénoms et nous leur accorderons à chacun un monologue. Ils pourront ainsi se rendre au théâtre pour se regarder. Eux jugent des gens dans les tribunaux, nous, nous allons les juger sur une scène. »

La pièce est découpée en dix paragraphes introduits par un commentaire qui désigne le personnage en scène en indiquant ses noms prénoms et fonctions. PERSONNAGES : La Mère de Sergueï Magnistki, Le Juge d’Instruction, La Présidente du Tribunal, Le Médecin en chef de la prison, L’Assistant du Médecin, La Fille assise sur le siège avant de l’ambulance, Sergueï Magnistki.





Images extraites du film
TEATR.DOC MOSCOU - DIX ANS DE THEATRE DOCUMENTAIRE
réalisation Gilles Morel, 100 min.-VOST, novembre 2011.




Une heure et dix-huit minutes

Mise en scène
Mikhaïl Ougarov
assisté de
Alexei Jyriakov
et Georg Genoux


Pièce documentaire
Eléna Gremina

Production
teatr.doc Moscou
Création juin 2010



fullversion EXTRAIT VIDEO 3 MN

video EXTRAIT VIDEO 20 MN ST français






ougarov

Le 10 décembre 2011, Mikhaïl Ougarov
reçoit pour cette création
le prix "Défense des Droits de L'Homme"
catégorie" Art et Culture 2011"
du GROUPE HELSINKI MOSCOU.







La presse française

SERGUEI MAGNITSKI, LE MORT
QUI FAIT TREMBLER LE KREMLIN

Bientôt, Sergueï Magnitski tombe gravement malade, une méchante pancréatite. Un médecin prescrit des ultrasons et une opération. Pour éviter de le soigner, on le change de prison, pour la pire, Boutyrka, qui ne dispose pas d'équipement médical adéquat. On ne lui donne pas ses médicaments. Il perd 20 kilos et se tord de douleur toute la journée. Il refuse toujours de retirer son témoignage. Au contraire, en octobre 2009, après onze mois de prison préventive, il trouve la force de rédiger une note plus accablante que les précédentes. Du coup, ses conditions de détentions empirent encore. Un mois plus tard, alors qu'il est mourant, on le transfère enfin dans un établissement où il pourrait être soigné. Mais, à son arrivée, un médecin le fait saisir par huit gardes, qui le battent puis l'enferment, menotté, dans une pièce minuscule, où une heure et dix-huit minutes plus tard son coeur s'arrête. « Une heure et dix-huit minutes » est le titre de la magnifique pièce de Mikhaïl Ougarov consacrée à la mort de Sergueï Magnitski..
Vincent Jauvert - Nouvel Observateur - 25.08.11

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La presse russe

C’est dans un sous-sol de la rue Trekhproudni que le théâtre russe défend sa dignité. (…) La compassion universelle dont les Russes pouvaient, selon Dostoïevski, être fiers, n’est plus à ce jour une qualité inhérente aux grandes scènes théâtrales russes. La liberté de conscience ne peut aujourd’hui être garantie qu’à la condition de refuser les subventions d’Etat. Le spectacle Une heure et dix-huit minutes a été produit avec les propres ressouces du Teatr.doc.
(…) Le vote protestataire qui se déroule dans ce petit théâtre moscovite constitue un phénomène sans précédent.
Marina Tokareva - Novaia Gazeta - 07.06.10


 

     TEATR.DOC MOSCOU en scène




 

     TEATR.DOC MOSCOU en texte




 


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