TRADUCTION A PARAITRE (2024)

 

SASHA DENISOVA

LA HAYE
le procès de poutine


traduction Tania Moguilevskaia et Gilles Morel


Extrait du texte

Prologue

L'action se déroule dans un bâtiment en partie bombardé. Il peut s'agir d'un appartement, d'une école, d'un supermarché ou d'un théâtre. Une gamine joue avec ses personnages.


GAMINE. – Lorsque la guerre a éclaté, le gouvernement ukrainien a fait appel à La Haye. Dans un premier temps, La Haye n'a pas répondu, ni oui ni non. Alors le gouvernement ukrainien a commencé à demander de l'aide à différents pays. Et des gens d'Europe et d'Amérique ont commencé à venir en Ukraine. Lorsqu'ils ont vu ce que poutine avait fait, ils ont été choqués. La guerre se poursuivait et beaucoup de mauvaises choses se produisaient. Ces événements ont été rassemblés par des spécialistes dans des petits classeurs spéciaux, pour le tribunal. Une fois la guerre terminée, tous les gros méchants ont été arrêtés et le procès a commencé.

Gamine saisit un marteau.

Titre. La Haye.

Mesdames et Messieurs, la Cour !
Les accusations concernent aussi bien les criminels de guerre de base que les responsables haut placés, ça-c'est la Présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Valentina Matvienko...

VALENTINA MATVIENKO. – Jamais nous n'avons été contre l'Ukraine, nous et l'Ukraine, nous sommes des peuples frères, nous sommes attachés par des milliers de liens culturels ! C'est l'Occident qui a déversé des armes en Ukraine, tandis que nous, nous attendions patiemment. C'est l'Occident qui a transformé l'Ukraine en un État nazi, tandis que nous, nous observions avec inquiétude. GAMINE. – Valentina Matvienko est une fidèle complice de poutine depuis les années 90, il lui a d'abord permis de voler des millions en tant que gouverneure, puis il l'a mise à la retraite pour diriger le conseil de la fédération. Et elle a approuvé l'intervention militaire en Ukraine...

VALENTINA MATVIENKO. – Et lorsqu'ils ont commencé à tuer les nôtres dans le Donbass, nous ne pouvions pas, vous savez, rester-là à regarder, nous devions passer à l'offensive... Et libérer ces régions, déjà russes par référendum.

GAMINE. – C'est devenu la principale justification, l'intervention militaire, c'était pour défendre les prétendus intérêts de la population du Donbass.

MARGARITA SIMONIAN. – C'est que la population elle-même a supplié et imploré : "Petite Mère Russie, ramène le Donbass à la maison !". Vladimir Vladimirovitch a décidé de mettre fin à ce cannibalisme et a tenu tête à l'immense monde occidental !

GAMINE. – Ca-c'est Margarita Simonian, la propagandiste en chef, tous les jours, elle parlait à la télévision...

MARGARITA SIMONIAN. – Nous ne combattons pas seulement le régime criminel de Kiev, Dieu nous en préserve, nous aimons l'Ukraine, c'est l'Occident collectif que nous combattons ! Et ben, on a qu'à commencer par ne plus leur donner notre gaz. Les laisser mourir de froid, les forcer à ramper à genoux jusqu'à la Mère Russie.

GAMINE. – On raconte que tout ça a agi comme une séance d'hypnose sur ceux qui regardent leur télévision.

MARGARITA SIMONIAN. – Il ne nous reste plus qu'à lancer une bombe nucléaire, parce que nous ne pouvons pas perdre. Leur donner la Crimée sur un plateau d'argent ? Et dire : désolés, nous avons eu tort, désolés, de faire irruption comme ça ! Et comment on pourrait, après, regarder les gens dans les yeux !

GAMINE. – On raconte qu'elle est la meilleure pour expliquer ce que veut poutine...

MARGARITA SIMONIAN. – Vous croyez que cela fait plaisir à Vladimir Vladimirovitch de bombarder Kiev ? Je me permets de dire que non, Vladimir Vladimirovitch n'aime pas cela. Vladimir Vladimirovitch a aussi un cœur qui saigne. Vous croyez qu'il est assis et qu'il se réjouit qu'un autre quartier de Kiev soit privé de lumière ? Vous croyez que cela fait plaisir à Ramzan Kadyrov ?

RAMZAM KADYROV. – Nos combattants-don, ils font, notre bataillon Akhmat-don fait, et là où nos combattants-don font, il y a toujours du résultat : le nettoyage de Luhansk-don fait, Donetsk-don fait, Donbass-don fait...

GAMINE. – Donc, Kadyrov dit "don" tout le temps. Comme s'il disait "donc".

RAMZAM KADYROV. – Quand les Ukras-don voient nos combattants-don, leurs mains-don et leurs pieds tremblent-don...

GAMINE. – En réalité, les mains de personne ne tremblaient, les kadyrovtsy étaient surnommés les "troupes TikTok", dans les vidéos, ils se battaient contre des bâtiments vides, contre le silence de la forêt ou encore des feux de circulation...

RAMZAM KADYROV. – Ahmat-don est le pouvoir-don !

GAMINE. – Kadyrov est le chef de la République de Tchétchénie. Dans sa jeunesse, il a combattu la Russie aux côtés de l'armée tchétchène, aux côtés de son père, Akhmat Kadyrov, mais après la victoire, poutine l'a placé à la tête de la Tchétchénie et l'a tenu en laisse. Et pour cela, poutine lui a aussi donné beaucoup d'argent.

RAMZAM KADYROV. – Pour le bien du tout-puissant-don, pour le bien du peuple-don, contre le fascisme-don, le satanisme-don, comme l'a dit poutine-don. Ces shaïtans-don veulent que nous vivions sous la bannière des LGBT-don !

GAMINE. – Ca-c'est Sergueï Choïgou. Dans le pays natal de Choïgou, Touva, à la frontière avec la Mongolie, on lui a érigé des monuments dorés, il y a même un musée consacré à Choïgou, il est vénéré comme le descendant du chef de guerre Gengis Khan... SERGUEÏ CHOÏGOU. – Bien sûr, je suis le ministre de la défense et mon travail consiste à assurer le bon fonctionnement de l'armée russe, mais un jour, je rêve de retourner en Sibérie et de construire là-bas une ville ou deux, au beau milieu de la taïga...

GAMINE. – Avant Choïgou éteignait les feux de forêt et emmenait poutine chasser dans la taïga, ils pêchaient, faisaient griller des brochettes et observaient les léopards des neiges. Et poutine a fait de lui son ministre de la défense, alors que Choïgou n'a même pas fait son service militaire...

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Toute notre armée a été intégralement modernisée : les traditionnelles chaussettes russes en tissu ont été remplacées par des vraies chaussettes...

GAMINE. – Choïgou a promis qu'il allait faire de l'armée russe l'armée la plus puissante, il a montré à poutine toutes sortes de missiles et il a pris beaucoup d'argent. Parce qu'en réalité tout l'argent, Choïgou l'a volé et il n'y a jamais eu aucun missile. Ou alors ils tombaient en morceaux.

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Nos missiles Kinjal et Sarmat sont les systèmes de missiles les plus puissants et les plus avancés au monde...

GAMINE. – Finalement, peut-être que c'était une bonne chose que Choïgou et ses commis aient tout volé et que l'armée n'ait pas été préparée pour mener la guerre en Ukraine... Ah oui, Choïgou a aussi manipulé poutine avec l'aide de ses chamans... Et pour ça, il a même fait construire une yourte avec un toit doré. Poutine s'y rendait pour des rituels spéciaux. Et poutine y croyait jusqu'à ce que Choïgou commence à perdre la guerre...

EVGUENI PRIGOJINE. – Choïgou, où sont mes obus ? Pendant que ces nazes restent assis sur leur cul dans leur bureau, moi, je suis en panne d'obus au front !

GAMINE. – Ca-c'est Prigojine. Cuisinier de poutine et fondateur de l'armée privée PMC Wagner. Prigojine, sur ordre de poutine, s'est rendu dans les pénitenciers et y a recruté des détenus pour la mobilisation. Pour lui, les prisons, c'est la maison natale, il y a lui-même passé huit ans.

EVGUENI PRIGOJINE. – Personne ne tourne les talons, personne ne se rend, on garde toujours la dernière grenade pour soi. à propos des morts, vos corps, on les congèle et on les enterre dans l'allée de la Gloire.

GAMINE. – Il quitte le front et marche sur Moscou... La police et la Rosgvardiya se cachent, les villes accueillent Prigojine avec des fleurs.

EVGUENI PRIGOJINE. – Choïgou vient de fuir lâchement Rostov, lâchement comme une gonzesse ! Nous sommes 25 000 et nous marchons pour débrouiller le bordel sans nom qui règne dans le pays. Que ceux qui le veulent nous rejoignent !

GAMINE. – Il est étonnant que lui et les wagnériens aient parcouru une aussi vaste zone en 24 heures sans rencontrer de résistance. Cela montre à quel point la Russie de poutine est démunie. La panique s'est emparée de Moscou. Les gens ont commencé à stocker du sarrazin, à cacher leur bijoux. Et poutine a pris peur et il est parti.

EVGUENI PRIGOJINE. – Nous passons toutes les frontières en embrassant les gardes-frontières.

GAMINE. – Prigojine a été arrêté à 200 kilomètres de Moscou. Il aurait pu devenir le nouveau président, mais il est parti en Biélorussie, chez Loukachenko. Dès lors, son destin était scellé. Deux mois plus tard, son avion s'est écrasé.

EVGUENI PRIGOJINE. – Mais j'ai survécu ! C'était une mise en scène !

GAMINE. – Mais selon une autre version, Prigojine s'est avéré plus malin et s'est échappé dans le second avion pour l'Afrique.

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Nous avions pour mission d'engager le feu pour atteindre nos cibles avec un maximum de précision.

GAMINE. – Ca-c'est le commandant en chef Sourovikine. On l'appelle le général Armageddon. C'est précisément lui qui tuait les Tchétchènes avec une cruauté particulière, qui a effacé des villes entières de la surface de la terre en Syrie et qui a déclenché la terreur des roquettes en Ukraine...

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Nous sommes en train de "broyer" méthodiquement l'ennemi qui nous attaque. Nous mettons hors d'état de nuire le régime criminel de Kiev... La situation est tendue... Nous agirons en toute conscience sans exclure les décisions les moins simples...

GAMINE. – Les décisions les moins simples de Sourovikine étaient de frapper précisément les civils, en privant les villes de chaleur et de lumière, c'est lui qui est responsable de l'extermination de plein de gens... Pour finalement battre en retraite.

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Nous ne visons pas un taux de pénétration élevé. Nous prenons soin de chacun de nos soldats. En réduisant les pertes parmi la population civile... Nous sommes prêts pour toute mission que vous nous confierez.

GAMINE. – Il est prêt pour toute mission pour rester proche du budget et du clan poutine. Sourovikine possédait un hôtel particulier dans un quartier prestigieux de Moscou et une scierie dans l'Oural, où il blanchissait l'argent gagné grâce à la guerre en Ukraine.

VLADISLAV SOURKOV. – Il n'y a pas d'Ukraine. Il y a l'"ukrainisme". Il s'agit d'un trouble mental spécifique, poussé à l'extrême par une passion pour les études régionales. Une sorte d'ethnographie sanguinolente. Un chaos au lieu d'un État. Il y a le Bortsch, Bandera et des Bandits. Mais de nation, il n'y en a pas.

GAMINE. – Ca-c'est Sourkov, un ancien conseiller de poutine, qui s'est lié d'amitié avec des intellectuels russes, il a même écrit des romans. Il a été chargé de la question ukrainienne, c’est précisément lui qui est à l’origine de la guerre hybride dans le Donbass, il était responsable de la préparation de l’intérieur, en Ukraine, de l’invasion... C'est précisément Sourkov qui est l'auteur de l'expression "monde russe".

VLADISLAV SOURKOV. – Le monde russe est partout où les gens parlent et pensent en russe. Où la culture russe est respectée. Là où les gens ont peur des armes russes. Là où les gens respectent notre poutine... Et pour autant que je connaisse cette région, l'Ukraine nous attend les bras ouverts.

GAMINE. – Mais l'Ukraine ne les attendait pas et au bout de trois jours, lorsque la prise de contrôle de l'Ukraine a échoué, poutine s'est mis en colère et a jeté Sourkov en prison. Il y est resté jusqu'à La Haye...

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Les Anglo-Saxons réfléchissaient depuis des siècles à la manière de s'emparer de la Russie...

GAMINE. – Ca-c'est Nikolaï Patrouchev, chef du Conseil de sécurité, avant il était chef du FSB russe, c'est un vieil ami de poutine. Tchékiste. Il a un caractère d'acier, nordique.

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – ...Ils ont sur la conscience l'effondrement de l'URSS, la déstabilisation et les provocations dans les anciennes républiques, les régimes fantoches et les coups d'État. Aujourd'hui, le plan anglo-saxon est d'affaiblir, de diviser, de détruire, de provoquer et donc de soumettre !

GAMINE. – Il a utilisé le poison Novichok pour intoxiquer des traîtres et même des délégations entières lors de négociations. On raconte qu'il est derrière les attentats à la bombe en Russie, ceux qui ont amené poutine au pouvoir. Patrouchev pense que seul le KGB est capable de diriger efficacement le pays. Il est obsédé par les théories. C'est Patrouchev qui a chuchoté à l'oreille de poutine pendant des décennies...

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – En Ukraine, tout près de la frontière russe, les Anglo-Saxons ont déployé un réseau de laboratoires biologiques américains pour répandre des virus parmi les citoyens russes par l'intermédiaire d'oiseaux migrateurs, en particulier les oies et les canards. Nous avons intercepté trois colverts mâles, tous les trois souffraient de fortes démangeaisons, nous avons trouvé un virus dangereux sur leur plumes... Ce genre de migrateurs, en volant jusqu'en Russie, pourraient priver les militaires de la capacité de prendre des décisions...

GAMINE. – Patrouchev redoute une conspiration mondiale.

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – ...Je ne mentionne même pas le projets des anglo-saxons de créer une classe de serviteurs, du petit personnel, des gens à la conscience de soi réduite, toutes disposées à avaler des produits génétiquement modifiés et obéir aux ordres des élites au pouvoir, lesquelles se sont auto-proclamées le « milliard doré ». Pour y parvenir, ils ont depuis longtemps commencé à corrompre la morale, à appliquer la stratégie du mariage homosexuel, où, au lieu d'une famille normale, nous voyons un parent-1 et un parent-2. Tout cela a été conçu pour que l'humanité cesse de se multiplier et ne serve que le « milliard doré », les élites dirigeantes de Wall Street et des États-Unis.

GAMINE. – Tout cela peut sembler délirant, mais c'est une citation exacte.

IOURI KOVALTCHOUK. – De plus, dans ces laboratoires en Ukraine, des virus ont été créés pour cibler un groupe ethnique particulier, à savoir les Russes... En réponse à cela, à l'Institut Kourtchatov, nous travaillons à la création du génome du citoyen russe, imaginez, nous pourrons programmer un mathématicien, un musicien, un militaire idéal... Un Russe idéal.

GAMINE. – Ca-c'est Iouri Kovaltchouk. Kovaltchouk est un homme d'affaires, le « portefeuille de poutine », il possède la banque Rossiya et, en fait, toute la Russie. On raconte qu'il a en secret investi des milliards d'euros dans la quête de l'immortalité, car ils sont tous septuagénaires et aimeraient vivre éternellement. Ils sont tous les meilleurs amis du monde, depuis l'époque de Leningrad, les tchékistes qui ont gagné des milliards en mettant poutine au pouvoir. Eux seuls ont le droit de l'appeler "Volodya".

IOURI KOVALTCHOUK. – Volodya, les Américains utilisent toute l'Europe comme une colonie américaine, tous les Polonais ont depuis longtemps des passeports américains. Nous perdons l'Ukraine, les terres qui appartenaient à l'origine à l'Empire russe.

GAMINE. – Un monarchiste convaincu. Comte. Comme Patrouchev, il s'est acheté un titre de noblesse. Adore tout ce qui est russe, Eugène Onéguine, Le Lac des cygnes, Tchekhov...

IOURI KOVALTCHOUK. – Volodya, toute la Russie est notre jardin, notre belle cerisaie...

GAMINE. – Et enfin, ça-c'est poutine. Comme vous pouvez le voir, on l'informait régulièrement que des missiles modernes étaient prêts, que des ennemis préparaient une attaque et il a pris une décision...

VLADIMIR POUTINE. – Chers collègues, j'ai pris une décision. Nous devons protéger notre peuple dans nos territoires historiques, les protéger du régime criminel des néo-nazis ukrainiens. Une véritable guerre a été déployée contre nous, dans laquelle s'est engagé l'Occident tout entier, avec toute sa puissance militaire. Pendant longtemps, l'Occident a menti sur la paix tout en se préparant à nous agresser, utilisant cyniquement l'Ukraine et son peuple pour affaiblir et diviser la Russie. Nous n'avons jamais permis que cela se produise et nous ne le permettrons jamais...

GAMINE. – En fait, c'est eux qui l'ont permis au point de se retrouver dans une prison néerlandaise.

La procureure entre.

GAMINE. – Voici la procureure, Julian Anderson, juriste et procureure britannique. Diplômée, avec mention, du London College of Law, elle a fondé son propre cabinet juridique. Elle a commencé sa carrière en enquêtant sur les crimes commis par les talibans en Afghanistan. Elle a participé à de nombreux tribunaux internationaux, du Kosovo au Rwanda. Dans son dos, les gens disent que c'est une véritable bête. Elle n'a jamais perdu une affaire.

PROCUREURE. – Messieurs les juges, en ouvrant ce procès contre les responsables de la guerre en Ukraine, je voudrais m'adresser à vous. Aujourd'hui, nous ne jugeons pas seulement des individus, mais un État tout entier, un système social qui a conduit à une guerre monstrueuse et brutale qui a détruit des milliers de vies, des familles et des villes entières. En 1946, après le procès de Nuremberg, nous, l'Europe civilisée, espérions, avec la création de ce tribunal, que nous ne verrions plus de preuves terrifiantes de génocides et de crimes contre l'humanité. Mais cela s'est produit encore et encore. Le génocide en ex-Yougoslavie, le massacre au Congo, l'extermination des populations au Rwanda. Et maintenant l'Ukraine. Messieurs les juges, vous et nous avons aujourd'hui la lourde mission d'établir toute la chaîne des crimes, du simple soldat au président de la Fédération de Russie, pour prouver le génocide du peuple ukrainien, à savoir la destruction des infrastructures civiles, l'extermination de civils, la torture de prisonniers de guerre, les frappes aériennes et d'artillerie sur les villes et villages ukrainiens, la déportation et l'adoption illégales d'enfants ukrainiens, l'existence de camps de concentration sur les territoires occupés et, surtout, le fait d'une agression militaire injustifiée contre un État souverain européen.

Un avocat entre.

AVOCAT. – Mesdames et Messieurs les magistrats !..

GAMINE. – Ca-c'est l'avocat, James Nyce. Le meilleur des meilleurs. Il a défendu des stars d'Hollywood, des banquiers et même des membres de la mafia. L'avocat le mieux payé, on dit que ses costumes coûtent le prix d'un avion. Il n'a jamais perdu un procès.

AVOCAT. – Le tribunal militaire spécial chargé de juger les crimes de guerre commis en Ukraine a recueilli un grand nombre de preuves. Mais selon le droit international, une personne est innocente jusqu'à preuve du contraire. Mes accusés ont été guidés par les intérêts de leur pays, sa sécurité, et les ordres qu'ils ont donnés visaient uniquement des objectifs militaires. Il a pu y avoir des erreurs et des excès qui ont fait des victimes innocentes. Mais dans chacun des cas, les auteurs de ces crimes - meurtres, pillages et viols - doivent être poursuivis. Ni le président ni aucune personne impliquée dans la politique étrangère et intérieure de la Fédération de Russie n'a personnellement commis de crimes de guerre. Pour prouver que le président et d'autres dirigeants politiques ont été impliqués dans des crimes de guerre, il faut prouver qu'ils ont donné des instructions spécifiques pour les commettre, ce que l'on appelle une chaîne de commandement. Quant à l'accusation de génocide à l'encontre du peuple ukrainien, il faut prouver qu'il y avait une intention spécifique d'exterminer partiellement ou complètement une nation entière. Réaffirmant notre profond engagement en faveur des libertés fondamentales et des droits humains, les gouvernements européens déterminés sont animés par un désir commun de tradition, d'idéaux, de liberté et de primauté du droit.

GAMINE. – Cette prison ne ressemblait pas aux luxueux palais auxquels ces criminels étaient habitués. Les 34 gardiens, chacun d'eux parlant 5 langues, ne quittaient pas les criminels des yeux. Il n'était pas question qu'ils s'évadent. Mais ils avaient le droit de se réunir à la cantine de la prison.



Scène 1. Cantine de la prison

VLADIMIR POUTINE. – Collègues. Je suis heureux de vous voir. Nous voilà enfin face à face, ensemble...

VALENTINA MATVIENKO. – Comment c'est arrivé, Vladimir Vladimirovitch, comment c'est arrivé...

VLADIMIR POUTINE. – Collègues, je comprends que vous soyez préoccupés. Mais restons optimistes.

RAMZAM KADYROV. – Vladimir Vladimirovitch-don, donnez-nous simplement un ordre-don, ce qu'il faut défendre et nous le défendrons-don !

VLADIMIR POUTINE. – Parfait. Vos conditions de vie sont-elles acceptables ? Je veux dire, compte tenu de la situation dans laquelle nous nous trouvons tous.

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Compte tenu de la situation, c'est acceptable. Mais les promenades et les forêts me manquent.

EVGUENI PRIGOJINE. – Tu t'es assez promené dans les forêts, espèce de dégonflé. C'est à cause de toi que nous avons foiré la guerre.

VLADIMIR POUTINE. – Calmez-vous, collègues. Nous sommes tous dans le même bateau.

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Pour ma part, tout comme nous tous, j'ai été au front sous le feu !

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Camarade ministre, ce n'est pas le bon endroit pour ton baratin !

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Pourquoi vous m'attaquez tous en même temps ? On pourrait penser que c'est moi qui ai fomenté l'émeute. On pourrait penser que c'est moi qui ai mené l'armée sur Moscou.

EVGUENI PRIGOJINE. – C'est moi, moi qui l'ai menée, et c'est aussi moi qui l'ai fait revenir sur ses pas, il le fallait.

MARGARITA SIMONIAN. – Zhenya la débrouille, il a fait le buzz : il a tenu tout le pays en haleine pendant 24 heures !

EVGUENI PRIGOJINE. – Et merci à qui ? Qui ne donnait pas d'obus ?

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Et qui est allé contre Vladimir Vladimirovitch !

VLADIMIR POUTINE. – Collègues. Nous nous connaissons depuis les années 90, et Evgueni Viktorovitch a peut-être commis quelques erreurs, en tant qu'homme au destin difficile, mais dans l'ensemble, il a été un homme talentueux.

EVGUENI PRIGOJINE. – Comment ça "a été" ? Je suis bien vivant.

VLADIMIR POUTINE. – Ne vous fâchez pas, Evgueni Viktorovitch. J'ai parlé sans réfléchir. J'ai pris l'habitude de conjuguer le passé composé dans mes nécrologies, ça m'est resté. Chers collègues, je vous prie de considérer Evgueni Viktorovitch comme un membre à part entière de notre équipe de La Haye !

RAMZAM KADYROV. – Mais c'est qu'il est mort-don.

EVGUENI PRIGOJINE. – C'est toi qui va mourir, là, maintenant.

VLADIMIR POUTINE. – Et vous, Evgueni Viktorovitch, je vais vous prier de ne garder aucune rancune. L'eau a coulé sous les ponts. Aujourd'hui, la situation a radicalement changé et aucune rancoeur passée ne doit s'immiscer entre nous.

EVGUENI PRIGOJINE. – Oui, je comprends, Vladimir Vladimirovitch. Moi-même, je me demande pour quelles foutues raisons j'ai foncé sur Moscou à l'époque... Un truc s'est fourré dans ma caboche. Tout ça, c'est Choïgou. Il agit sur moi comme une gâchette.

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Je suis épaté, voilà qu'en plus il me traite de gâchette.

EVGUENI PRIGOJINE, à poutine – Et vous avez eu raison de me taper avec l'antiaérien. Histoire que les autres ne s'amusent pas à faire pareil.

VLADIMIR POUTINE. – Oublions les rancoeurs passées. En cette heure, au banc des accusés, Evgueni Viktorovitch, vous nous êtes plus utile vivant...

SERGUEÏ CHOÏGOU, vexé. – A moi, personne ne me dit jamais rien. Qui est mort, qui n'est pas mort... Parce que moi, c'est au front que je passe tout mon temps.

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Camarade Choïgou, arrête ton baratin, surtout avec nous. Les seuls ici à avoir été au front, c'est feu Evgueni Viktorovitch et moi.

EVGUENI PRIGOJINE. – Mais je suis vivant, Serioja !

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Je l'oublie toujours, Zheniok ! Tu sais, à cause de toi, moi aussi à l'époque j'ai pris des coups sur la caboche.

VLADIMIR POUTINE. – Collègues, collègues, il nous faut penser en équipe à, pour ainsi dire, notre survie.

RAMZAM KADYROV. – J'y étais-don et plus d'une fois-don.

MARGARITA SIMONIAN. – Mon petit Ramzam, c'est devant les caméras que tu étais !

RAMZAM KADYROV. – Toi-don il t'arrive de penser avant de parler ? Nous avons tout libéré Marioupol-don !

VLADIMIR POUTINE. – Margarita Simonovna, n'êtes-vous pas heureuse d'être avec nous dans le même bateau ?

MARGARITA SIMONIAN. – Avec vous personnellement, Vladimir Vladimirovitch, toujours et partout, vous le savez bien ! Qui a peur de La Haye, ne va pas en forêt. Les chambres sont correctes, aussi bien que dans un hôtel en province.

EVGUENI PRIGOJINE. – Cellule, Margot, ça s'appelle cellule. Gnouffe, trou, mitar.

MARGARITA SIMONIAN. – Je t'en prie, Evgueni, épargne-nous ton vocabulaire de taulard.

VLADIMIR POUTINE. – Les cellules, si j'ai bien compris, ne sont pas particulièrement grandes...

VALENTINA MATVIENKO. – Mais confortables !

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – La ventilation couine autant qu'une batterie lance-roquettes. Mais je fais de la gym tous les matins.

VLADIMIR POUTINE. – Du coup, on y respire bien. Et vous, Vladislav Yurievitch, pourquoi vous ne vous exprimez pas ? Vous m'en voulez à cause de la prison ?

VLADISLAV SOURKOV. – Non, non, non, pas du tout, je sais bien. Pour vous, il le fallait.

EVGUENI PRIGOJINE. – Vladislav a passé toute la guerre en zonzon. Si c'est pas avoir du bol, ça !

VLADISLAV SOURKOV. – Chacun son sort, moi c'était la prison et toi l'Afrique. Et je peux dire en tant que personne qui a connu la prison en Russie depuis février 2022, qu'ici c'est le top du top. Slobodan Milosevic et un certain nombre de nos homologues serbes, africains, y ont séjourné.

VLADIMIR POUTINE. – Oui, le top du top. Dommage qu'on nous prive de nos activités habituelles.

VLADISLAV SOURKOV. – On a des clubs de loisirs en prison. On a les échecs...

RAMZAM KADYROV. – Le Backgammon-don...

EVGUENI PRIGOJINE. – On peut taper le carton.

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Pourrais-je me permettre, Vladimir Vladimirovitch ?

VLADIMIR POUTINE. – Je vous en prie, Nikolaï Platonovitch.

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – On n'a pas internet dans les cellules, je ne peux pas finir de regarder la série sur les oiseaux migrateurs que j'ai commencée au début de l'opération spéciale.

VLADISLAV SOURKOV. – Nous ne sommes pas censés avoir internet. Ni de VPN...

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Vous comprenez bien que tout cela fait partie d'un plan élaboré par les États-Unis ! Nous priver de VPN ! Alors c'est ça qu'ils appellent leur fameuse démocratie occidentale, alors qu'ils violent nos droits les plus élémentaires ! Ils éteignent les lumières tôt alors que j'ai l'habitude de lire les rapports avant de m'endormir, les comptes-rendus, les lettres de délation...

VLADIMIR POUTINE. – Et moi, j'avais l'habitude de diriger le pays et maintenant... Bon, quelles sont vos doléances alimentaires ?

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Si je pouvais de nouveau me permettre, Vladimir Vladimirovitch. Ils nous donnent de la nourriture OGM. Et les OGM affectent le cerveau, j'ai commencé à ressentir que mon état émotionnel bascule vers un certain détachement. Je soupçonne les États-Unis de nous administrer des sédatifs spéciaux !

VLADIMIR POUTINE. – Nikolaï Platonovitch, malheureusement votre femme n'a pas la possibilité de vous apporter de la nourriture ! ça lui fait trop loin !

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Vladimir Vladimirovitch, vous prenez le problème à la légère. J'ai commencé à collecter des échantillons de nourriture et je les envoie à notre nutritionniste au KGB. Nous allons bien voir !

VLADIMIR POUTINE. – Oui, attendons ces analyses avant de tirer des conclusions. Quoi d'autre ?

EVGUENI PRIGOJINE. – Je veux de la bouffe qui vienne directement du restaurant.

RAMZAM KADYROV. – Viande-don cuite au feu de bois-don.

VALENTINA MATVIENKO. – Moi c'est différent, ce qui me manque, c'est les spécialités russes. Les gros cornichons en salaison...

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Quand on était à la chasse, vous vous souvenez, Vladimir Vladimirovitch, la viande de sanglier !

VLADIMIR POUTINE. – Sergueï Koujouguétovitch, vous feriez mieux de réfléchir à ce que vous allez déclarer au tribunal. Les jeux dans la taïga sont finis ! Et toutes les danses avec les tambourins ! Vous feriez mieux de vous demander comment vous avez réussi à faire capoter les opérations. Comment vous avez pu retirer nos troupes de Kherson ?

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Ce n'est pas moi qui les ai retirées, c'est Sergueï...

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Quoi, c'est Sergueï ! Oui, c'est moi Sergueï qui les ai retirées. Qu'est-ce que j'étais censé faire ? Abandonner nos soldats en tas de cadavres au milieu de la steppe ?

RAMZAM KADYROV. – Les Ukras-don attaquaient-don.

EVGUENI PRIGOJINE. – Mais oui, tu as tout fait bien, mec.

MARGARITA SIMONIAN. – Vous avez tout fait correctement, Sergueï, vous avez sauvé notre armée, comme Koutouzov quand il a abandonné Moscou. Sont à blâmer ceux qui ont mis l'armée dans un tel état !

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Si je vous suis bien, je suis le seul à avoir amené tout le monde là où nous sommes ?

EVGUENI PRIGOJINE. – Même tes rations pour l'armée étaient périmées, espèce de couillon, pas de munitions, toute l'armée te traîtait de tous les noms, putain de chaman.

VLADIMIR POUTINE. – Nous avons TOUS tous, chers collègues, oeuvré d'une manière ou d'une autre à la préservation de la Russie !

IOURI KOVALTCHOUK. – Chers collègues, là n'est pas l'essentiel ! Concentrez-vous. Demain, les audiences commencent. Nous devons élaborer une stratégie de défense commune.

RAMZAM KADYROV. – Que les shaïtans-don voulaient amener les LGBT-don sur notre terre d'islam-don, c'est bien ça ?

IOURI KOVALTCHOUK. – Laissez les LGBT tranquilles, ici en Europe il n'est pas de bon ton de pointer du doigt les LGBT, ici, en Europe, ils sont les bienvenus !

MARGARITA SIMONIAN. – Pourquoi devrions-nous dilapider nos terres historiques, celles que notre Mère Russie a mis des siècles à rassembler. L'impératrice Catherine les a rassemblées. Vladimir Vladimirovitch les a rassemblées. Kherson, Odessa, Zaporijjia, c'est la Russie du sud. Ecoutez comment ça résonne bien, Rus-sie-du-sud. Pouchkine avait coutume de visiter Kherson !

IOURI KOVALTCHOUK. – Aujourd'hui, ce n'est pas Pouchkine que nous portons avec nous. Plutôt, dixit notre avocat, une agression militaire.

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Allez, Yura ! Nous serions les seuls agresseurs ? L'Amérique ne serait pas un agresseur ? Et le Viêt Nam ? Il n'y a pas eu de tapis de bombes là-bas ? Le napalm ? Et l'Afghanistan ? Et, pardonnez, les Indiens ? Les indiens, c'est pas nous qui les avons exterminés, c'est eux, et avec des virus en plus ! C'est là-dessus qu'il faut appuyer. Et maintenant, ils osent nous donner des leçons, comme à l'école.

VLADISLAV SOURKOV. – C'est notre calvaire, et nous devons boire le calice jusqu'à la lie...

IOURI KOVALTCHOUK. – Du calme, Slava. Pas de défaitisme. Il s'agit en fait d'une séance de flagellation publique. Ils vont nous condamner, ils établiront qu'il y a eu agression, et après chacun retournera de son côté. Ils ne pourront pas priver notre vaste pays de son appareil administratif. En plus, nous disposons d'autres leviers, Wall Street et le système bancaire. Ils ne pourront pas effacer la Russie de la carte du monde. Avec qui d'autre ils iraient faire commerce ? Et notre art, Tchekhov est joué sur toutes les scènes du monde. Messieurs, si nous ne trouvons pas une solution, la cerisaie et tout le domaine partiront aux enchères !

MARGARITA SIMONIAN. – Dieu nous préserve ! Il y a encore un sixième de la surface du globe où l'on parle russe.

VLADISLAV SOURKOV. – Un peu moins à l'heure qu'il est. Beaucoup sont passés à l'ukrainien...

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Ils ont des preuves que nous avons bombardé. Choïgou dirigeait l'état-major.

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Comment ça, je dirigeais ?

VLADIMIR POUTINE. – Vous dirigiez !!!

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Mais c'est vous qui me disiez !

VLADIMIR POUTINE. – Ah oui ? Et vous, vous me rapportiez que tout allait bien pour nous, que nous détruisions les nazis et que nous préservions les civils !

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Bien sûr, bien sûr, mais comment je pouvais savoir exactement ce que Sergueï bombardait ?

SERGUEÏ SOUROVIKINE. – Quoi encore Sergueï ? Nous visions des cibles militaires, point.

SERGUEÏ CHOÏGOU. – Des cibles militaires, si seulement c'était vrai !

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Tout cela, on peut le lire depuis des années sur le site du gouvernement russe, bande de crétins !

VLADIMIR POUTINE. – Et pas moyen de nettoyer ça.

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Et on est privés d'internet. Privés de VPN !

IOURI KOVALTCHOUK. – Oui, c'est bien regrettable. Mais les bombardements demeurent légitimes dans le cadre d'une opération militaire. Et personne n'a encore aboli la guerre.

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Et ça, avec l'Irak, l'Amérique le sait mieux que quiconque !

IOURI KOVALTCHOUK. – Kolya, fous la paix à l'Amérique.

NIKOLAÏ PATROUCHEV. – Yura ! Les Anglo-Saxons préparaient une attaque préventive en utilisant l'Ukraine comme tremplin. En concentrant le maximum d'armes biologiques à nos frontières ! Des oies ! Avec des conteneurs de virus dans le bec, toutes prêtes à le pulvériser sur les Russes. En plus, l'Ukraine fabriquait une bombe nucléaire, il faudrait tenir compte de ça, Yura.

IOURI KOVALTCHOUK. – J'en tiens bien compte, Kolya. Écoutez-moi. Personne ne pourra nous condamner. Slava et moi avons mis le doigt sur quelque chose. Notre avocat dit que pour prouver que le président de la Fédération de Russie et d'autres personnes sont impliqués, il faut qu'ils prouvent que des ordres spécifiques à exécuter ont été donnés, c'est-à-dire qu'il faut qu'ils retracent ce qu'ils appellent la chaîne de commandement. C'est pas nous qui avons donné les ordres. C'est pas nous qui avons tué. C'est pas nous qui avons violé. C'est pas nous qui avons volé. Donc nous allons tous sortir d'ici.

[...]

OCTOBRE 2022 - SEPTEMBRE 2023



 
la_haye





Pièce-procès
utopie documentée








Pendant ces premiers mois [d'exil], j'ai réfléchi
à ce qui pourrait nous donner de l'espoir,
à moi et à ceux qui ont fui la guerre
et qui espèrent la victoire.
Un procès de Poutine et de son gouvernement
était la plus grande attente.

S.Denisova









denisova

Sasha Denisova

Née en Ukraine.
Dramaturge, metteuse en scène,
romancière, scénariste et pédagogue.
Vit à Moscou jusqu'au printemps 2022.
Réside aujourd'hui en Pologne
Diplômée de la faculté de philologie de l'université Shevchenko de Kyiv.
Ecrit plus de 30 pièces documentaires
et met en scène plus de 25 spectacles à Moscou
au TEATR.DOC, au Centre Meyerhold,
au Théâtre Mayakovsky, au Théâtre des Nations.

















Personnages

GAMINE
VALENTINA MATVIENKO, Présidente du Conseil de la Fédération de Russie
MARGARITA SIMONIAN, propagandiste en chef à la télévision d'Etat
RAMZAM KADYROV, chef de la République tchétchène
EVGUENI PRIGOJINE (fantôme de), chef de l'armée privée PMC Wagner
SERGUEÏ CHOÏGOU, ministre de la Défense de la Fédération de Russie
SERGUEÏ SOUROVIKINE, ex-commandant chargé des opérations militaires en Ukraine
VLADISLAV SOURKOV, idéologue en chef au Kremlin
NIKOLAÏ PATROUCHEV, chef du Conseil de sécurité, ex-chef du FSB russe
IOURI KOVALTCHOUK, homme d'affaires, le « portefeuille de poutine »
VLADIMIR POUTINE, Président de la Fédération de Russie
PROCUREURE
AVOCAT
SOLDAT
EPOUSE DU SOLDAT
COMMANDANT
PILOTE
FEMME
EXPERT
PARENT-1
PARENT-2
ENFANT
LA TÊTE




Scènes

Titre. La Haye.
Scène 1. Cantine de la prison
Scène 2. Pillard
Scène 3. Meurtre dans la fosse aux pompes
Scène 4. Tests génétiques
Scène 5. Après le massacre, Choïgou pète les plombs.
Scène 6. Matvienko et Simonian
Scène 7. Audition de Choïgou
Scène 8. Prigojine, Sourovikine et Kadyrov réfléchissent à ce qu'il convient de faire et finissent par s'engueuler
Scène 9. poutine en Christ Sauveur de la Russie
Scène 10. Audition de Simonian
Scène 11. Audition de Sourkov
Scène 12. Prigojine et la Tête
Scène 13. Audition de Matvienko
Scène 14. Audition de Ramzam Kadyrov
Scène 15. Patrouchev et Kovaltchouk
Scène 16. Audition de Patrouchev
Scène 17. Audition de Sourovikine
Scène 18. poutine et Gamine sous les décombres




















la haye

HAGA (LA HAYE)
(version polonaise)
mise en scène Sacha Denisova
création au Teatr Polski - Poznan
du 24 février au 05 mars 2023


la haye

HAGA (LA HAYE)
(version polonaise)
mise en scène Sacha Denisova
reprise au Teatr Polski - Poznan
du 06 au 08 octobre 2023






















la haye

THE GAAGA (LA HAYE)
(version anglaise)
mise en scène Sacha Denisova
création au Beat Brew Hall - Boston
du 02 au 18 juin 2023






















la haye

HAGA (LA HAYE)
(version bulgare)
mise en scène Galin Stoev
création au Theatre National - Sofia
les 19 et 20 septembre 2023






















la haye

LA HAYE (HAGA)
(version bulgare surtitrée)
mise en scène Galin Stoev
en tournée au TheatredelaCité - Toulouse
les 24 et 26 janvier 2024

 

     AUTRES TRADUCTIONS publiées en France




 

     TRADUCTIONS disponibles au catalogue Novaia-russe




 

     TRADUCTIONS à paraître en extrait




 


le theatre russe par Gilles Morel depuis 2006 - tous droits reserves