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VADIM LEVANOV

Cent tonnes d'amour
Lettres aux idoles


traduction Isabelle Vénuat


Extrait du texte

POLINA. - Je t'aime très fort. Je l'ai compris il y a déjà longtemps et ça fait longtemps que je voulais te le dire! Je suis prête à le crier! Ecoutez-moi vous autres! Je t'aime!.. Et j'ai plus peur de rien!
MARINA. - Parce que je sais que c'est la seule chose qui compte dans cette vie... Besoin de rien d'autre... Je voudrais seulement te voir tout près une fois, rien qu'une fois dans ma vie...
ALISSA. - Difficile sans aimer de vivre,
En passant des heures solitaires,
Mais aimer est encore plus dur
Passionnément et désespérément.


Musique douce.

DACHA. - Tu es épatante! Tu es tout simplement superbe! Je t'adore! Faut vraiment être un con fini pour ne pas te comprendre. Ta musique est comme le sang, elle bat dans mes veines...
LENA. - Peu importe que personne te comprenne, ne comprenne tes chansons, ta musique! Moi, je comprends leur sens... elles parlent de moi, tout ça parle de moi, de ma vie, de ce que je ressens...

Musique. Les jeunes filles dansent dans les couleurs des rayons des projecteurs.

DACHA. - Je connais un mec, il dit qu'il te connaît.
LENA. - Il a dit qu'entre vous, c'est l'amour-toujours et tout et tout.
DACHA. - Sauf que c'est des foutaises!
LENA. - C'est pas des foutaises!
DACHA. - Laisse tomber, il raconte des salades!
LENA. - J'ai lu moi-même sa lettre, c'est clair ?


Lena et Dacha enfilent casquettes, lunettes, blousons en cuir.

DACHA. - Je sais qu'un jour tu reviendras, tu viendras, tu reviendras chez toi, à Oufa, notre ville à nous, à toi et à moi. Moi, je t'attendrai. J'ai pas cessé de t'attendre pendant tout ce temps, et je t'attendrai toujours...
LENA. - Tu te rappelles, quand nous étions ensemble, cette nuit-là, les étoiles tombaient... tu m'as chuchoté, à peine audible, que tu m'aimais... tu as dit. "Si tu veux, je tue les voisins qui t'empêchent de dormir..." Parce que, c'est vrai, je me rappelle, mes voisins ivres avaient encore eu une bagarre, la milice, comme d'habitude et tout, Gindos, le voisin, salaud d'alcoolique, est tombé de son balcon... et il a rien eu parce qu'il était ivre et parce que c'est au deuxième étage, et que pile sous le balcon il y a le toit de la cave, il s'est même rien cassé... Mais de toute façon, toi et moi, on s'intéressait pas à eux, ça nous est égal ce qui se passe dans ce monde à la con...
DACHA. - Nous n'avons besoin de personne! Seuls au monde! "Si tu veux,je fais exploser toutes les étoiles qui t'empêchent de dormir..." C'est notre chanson à nous ça, pas vrai ? A nous deux!
LENA. - Tu te rappelles de moi ?! Tu te rappelles ?!
ALISSA. - Je t'aime et tu le sais,
Je souffre souvent, tu le sais,
j'attends, c'est pénible d'attendre,
Le moment de te voir.

La chanson de Zemfira Tu as le SIDA. Tout le monde danse en fredonnant.

MARINA. - Je sais qu'un jour tu viendras et on fera une fête dans notre rue, dès que tu auras largué cette vieille et grosse vache, tu viendras et tu m'épouseras! POLINA. - Je t'adore! Sans ton amour, je meurs!
MARINA. - J'ai quinze ans, une belle poitrine et des jambes très classe, tout le monde le dit! Je t'aimerai, mon doux, mon tendre, mon bien-aimé!
POLINA. - J'aime tellement ta voix veloutée et magique, et je pense que tu es la réincarnation d'Orphée, mon Orphée à la voix si douce, tu es venu à moi pour me sortir du monde gris et triste dans lequel je vis, pour m'emmener dans un monde clair, vaste et beau! Je suis ton Eurydice! Je t'aime!
DACHA. - Nous marcherons comme sur des nuages!
LENA. - J'habite dans une petite ville au bord d'une grande rivière. La nature est très belle par ici. Tu aimeras. Tu aimeras sûrement, je le sais... Nous vivrons en douceur et en bonheur tous ensemble, avec notre petite fille qui a tes yeux et ton sourire... Je t'aime tellement, mon doux, mon doux!...
DACHA. - Tu ne m'as pas oublié?
MARINA. - Mon bien-aimé, mon doux, mon dégoûtant, mon répugnant, mon désiré, mon bien-aimé, tout à moi! A moi! A moi!
ALISSA. - J'ai cinquante-sept ans. Et je suis une admiratrice de votre ravissant talent. Vous àtes un homme si charmant, si séduisant. Vous avez une voix étonnante, son timbre extraordinaire me fait trembler de la tête aux pieds. Quand j'entends votre voix, un frisson glacé remonte dans mon corps depuis mes orteils, et ensuite c'est une vague de chaleur qui le traverse... Mais l'essentiel, bien sûr, c'est ce frémissement extraordinaire qui surgit dans mon âme chaque fois que j'entends votre musique et votre voix, vos chansons...
POLINA. - Je n'aime que toi, toi seul, je t'aime plus que tout au monde, plus que la vie! Si tu veux - prends ma vie, je n'en ai pas besoin parce qu'il n'y a rien en dehors de toi, parce qu'il n'y a que toi!
MARINA. - Je t'aime comme personne ne t'a jamais aimé sur cette terre!
POLINA. - Je t'offrirai mon grand amour, comme une fleur!
ALISSA. - Une fleur, ouais!
LENA. - Je n'aime que toi, toi seul et jusqu'à la fin de mes jours (j'ai déjà seize ans et deux mois, mon anniversaire est le 24 novembre!) je t'aimerai toi, que toi, toi tout seul et je n'aurais jamais besoin de personne d'autre! Personne ne pourra jamais prendre ta place auprès de moi! MARINA. - Ton fils porte exactement les mêmes prénoms toi...
POLINA. C'est le sentiment le plus fort que j'ai jamais éprouvé dans ma vie!
MARINA. - Je ne peux pas imaginer quelqu'un d'autre à mes côtés. Impossible!
POLINA. - Je te parle comme si tu étais tout près de moi... Et tu me réponds...
MARINA. - Tu disais que toi aussi tu m'aimais, moi seule.
ALISSA. - Je t'aime, tu entends ?!
Pourquoi tu te tais ?
Peut-être que tu en aimes une autre ?
Pourquoi tu te tais ?
Pourquoi, quand tu me croises,
Tu ne me regardes pas dans les yeux ?
Je t'aime, tu entends ?
Cela ne peut plus durer comme cela.

Musique.

DACHA. - Tout le monde rigole de moi, rigole. Tout le monde pense que je suis cinglée, folle, secouée, ils disent que, dans ma tête, cela ne tourne pas rond.
LENA. - Monstres! Tous des monstres.
MARINA. - Ils ne comprennent rien!
POLINA. - Eh bien, tant pis! Je me fiche de ce qu'on pense de moi! L'essentiel, c'est que je t'ai! L'essentiel c'est que je t'aime!
MARINA. - Peut-être que je suis née uniquement pour t'aimer ?
POLINA. - Personne! Personne ne peut comprendre ni croire qu'il existe encore, dans le monde, un amour aussi grand et aussi véritable! Mais il existe! Existe! Parce que je t'aime!
DACHA. - Tu es tellement sexy, tellement sexy, je suis prête à me donner à toi... Il suffit que tu m'appelles et j'arriverai en courant, comme une chienne avec tes pantoufles entre les dents...
LENA. - Je veux que tu saches que je ne peux pas, je ne veux pas vivre sans toi! Je ne peux tout simplement pas vivre sans toi, j'ai besoin de toi comme de l'air! Si tu ne me réponds pas, je grimperai sur le toit de notre maison et du seizième étage, je crierai mon amour et ensuite je m'élancerai dans le vide... Je sais que certains l'ont fait et qu'ensuite les journaux ont écrit sur eux. Et quand tu liras ce qui sera écrit sur moi dans le journal, tu regretteras beaucoup et tu te repentiras de t'être comporté avec moi comme tu l'as fait!

Musique. Le groupe Nautilus Pompilius.




 
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Texte documentaire créé en collaboration
avec les jeunes comédiennes
du Théâtre-studio GOLOSSOVA 20
dirigé par Vadim Levanov à Togliatti (2002)




Oratorio pour choeur


Personnages

Dacha
Alissa
Marina
Polina
Lena















levanov

Vadim Levanov, 2003
















Comédiennes du Théâtre-studio, 2002

 

     TRADUCTIONS disponibles au catalogue Novaia-russe




 

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     IVAN VIRIPAEV Textes en traduction




 

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